Nos deux professeurs de norvégiens nous ont demandé de donner notre avis sur leur façon d'enseigner. C'est une chose qui ne se fait pas (ou peu, en tout cas) en France, mais je ne crois pas pour autant que cela soit particulièrement utile à importer.
"Allez-y", nous dirent-elles, assises toutes les deux au milieu de notre salle de classe en U et attendant nos remarques, "n'hésitez pas, ici en Norvège, on accepte volontiers les critiques constructives".
Silence
Finalement, l'un de nous se lance, puis chacun finit par livrer ses impressions, sur le mode "le cours est très bien, mais..." (mais il n'y a pas assez de discussions, mais il faudrait changer les horaires, mais il faudrait que les dictées aillent moins vite, etc. )
Le "problème", c'est que ces deux professeurs sont âgées, qu'elles enseignent depuis très longtemps, et que si elles ont choisi de faire les choses de telle ou telle manière, ce n'est pas par hasard. Donc chacune de nos remarques est contre-argumentée (de manière convaincante d'ailleurs). Tout cela dure 25 bonnes minutes, après quoi nos professeurs nous remercient pour ces remarques intéressantes et nous affirment qu'elles vont en discuter toutes les deux, créer une commission, éditer un rapport...
Edit : Et finalement, deux semaines plus tard, strictement rien n'a changé (enfin, si, je suis méchant : la proposition d'organiser une deuxième fête en commun a été acceptée).
Tout cela pour dire que proclamer la culture du dialogue, c'est bien, mais pour ce qui est de la culture de l'écoute, c'est pas encore ça (comme partout ailleurs, quoi).