Lyfjord, Skulsfjord et Bellvika
Bon, ce coup-ci, je crois que c'est vraiment la dernière sortie de
l'année : pas encore à cause de la neige, qui se fait attendre (il
n'est pas rare qu'elle arrive, certaines années, dès le début du mois
d'octobre) mais à cause du jour qui diminue de plus en plus. La journée
commence vers 10h et se termine vers 16h ; il n'est plus possible
d'aller très loin, que ce soit à pied ou à vélo - et la semaine
prochaine (quand bien même le temps serait au beau) nous aurons encore
une bonne heure de jour de moins.
Très clair !
Je décidai donc ce matin de faire un petit tour dans le Troms profond, agricole et marin. Direction Lyfjord, Skulsfjord et Bellvika, trois petits groupes de fermes et de maisons (résidences secondaires principalement, je pense) à 25 km de Tromsø, avec une bonne côte à mi-chemin, ("col" de 200 mètres d'altitude environ), et un long tunnel (750 mètres) avec une pente à 10% (en descente à l'aller, en montée au retour...)
Côté "retour"
Génial...
A peine arrivé sur Kvaløya, je croise, au bord de la "nationale", un troupeau de rennes en train de paître tranquillement à deux pas d'une ferme. Inutile d'aller bien loin, on est très, très vite dans la nature !
Le renne n'étant pas un animal que l'on puisse domestiquer, je pense que le troupeau se contente de manger le pâturage mais n'appartient pas à la ferme (à mon retour, le soir, le troupeau avait bougé, et de toute façon il n'y avait aucune clôture).
Encore quelques kilomètres, et je me retrouve... nulle part. Ici, il y a Tromsø, et rien autour. Au milieu des terres, c'est le vide, tout juste quelques maisons isolées. Beaucoup de voitures garées au bord des routes cependant : des pêcheurs en rivières, et peut-être des chasseurs ? Malgré toutes ces voitures, je n'ai vu qu'une seule personne en train de taquiner le saumon (ou la truite, ou dieu sait quoi).
Sur la côte, de petits groupes de maisons essaimées, sans commerces, sans services : hormis les pêcheurs et les agriculteurs, je me demande de quoi peuvent bien vivre les quelques habitants permanents. Pour ce qui est de l'agriculture, grâce à Dieu, il y a les subventions : le nombre de fermes est assez impressionnant comparé au peu de champs labourés. A croire qu'ils n'ont qu'un champ de patates et 10 moutons chacun. Et, autre chose étrange, le nombre de tracteurs : un par ferme, au moins (ne pourraient-ils pas les utiliser en commun ?? A moins que, la saison "utile" étant si courte, il ne soit pas possible de perdre une journée sur les labours et les semences ?)
Il y a au moins 3 fermes dans ce bled.
Côté pêche, quelques bateaux minuscules, du matériel rouillé : artisanat, là encore. Et le seul habitant que j'ai vu avait la bonne soixantaine. Ajoutez le ciel gris, le jour déclinant, l'herbe jaunie et les arbres marron - et puis le froid : voila de quoi se faire une idée de l'ambiance de cette sortie.
Mais si je suis allé là-bas, c'était aussi pour une autre raison : j'avais envie de faire un tour de ferry. Car cela a beau être le double-fond de nulle part, il y a tout de même un ferry (gratuit) qui fonctionne tous les jours, à raison de 4 ou 5 aller-retours quotidiens. Malheureusement, ce jour-là (un samedi, hors saison) le bateau ne se rendait que sur l'île voisine de Vengsøya (où il n'y a rien de plus à voir...) et ne faisait pas le "grand tour" qui m'intéressait, vers tout un tas de petites îles au large. Tous les horaires sont disponibles sur le site des ferries Hurtigruten, avec les tarifs, etc. Et comme le bateau ne partait qu'à 14h15, et était de retour vers 15h15, j'ai finalement abandonné mon idée, car rentrer à vélo allait encore me prendre une bonne heure et demi, et je n'avais pas envie de rouler de nuit, sous la pluie, dans le froid, etc.
Le ferry (les quelques maisons, c'est Bellvika.)
Je suis donc reparti... Et voila !