Réflexion sur le meurtre de Slettaelva
Hier matin, une info a fait le tour de Tromsø. Un policier d'une cinquantaine d'années a assassiné son épouse - qui l'avait quitté la semaine précédente - avec son arme de service, avant de tenter de se suicider.
C'est, paraît-il, la première fois qu'un policier tue quelqu'un avec son arme de fonction. Bon. C'est tragique.
Mais ici, ils sont complètement sous le choc, à tel point que j'en viens à me demander dans quel monde ils vivent. Les journaux en font leurs choux gras (parce que oui, ici, ils aiment le sordide. J'ai rarement vu une presse aussi minable que les "grands quotidiens" norvégiens, qu'ils soient locaux ou nationaux). Mais ce qui est le plus surprenant, c'est la réaction des "institutions". "Si les enfants posent des questions sur cette affaire, répondez-leur, expliquez-leur blablabla" (ils seraient peut-être moins choqués si les journaux n'étalaient pas à longueur d'année ce genre d'histoires en long et en large - je veux dire, je ne sais pas s'il y a beaucoup de journaux en Europe qui titraient encore en première page sur le tortionnaire-pédophile autrichien il y a 2 mois de cela)
Et le comble, c'est que l'université a ouvert une cellule psychologique pour les étudiants qui ressentiraient le besoin d'en parler - je rappelle que cette histoire ne concerne les étudiants ni de près, ni de loin, que le malheureux couple n'était pas particulièrement connu, et que ça ne s'est bien sûr pas non plus passé sur le campus...
Non, vraiment, ce qui me trouble, c'est cette sur-réaction face à un évènement somme toute "banal" - non que cela arrive tous les jours en Norvège, heureusement, mais enfin ce n'est pas la première fois au monde qu'un crime passionnel a lieu. Et puis, il y a tout de même la télévision, les romans policiers, enfin ! ils ne découvrent pas aujourd'hui qu'on ne meurt pas toujours dans son lit, tout de même - car c'est l'impression que cela donne.
Bref, j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose, et c'est très étrange. C'est même la première fois qu'il y a quelque chose, au point de vue culturel, que je ne comprends réellement pas en Norvège, et qui me donne l'impression d'un fossé entre eux et moi.
Encadré en rouge, sur la page d'accueil du site de l'université, le numéro à appeler pour obtenir un soutien psychologique. Rien à voir, mais le type en photo en dessous est un de mes voisins. Le monde est petit (enfin, Tromsø surtout).